Au nom d’Allah, Le Miséricordieux, Le Tout Miséricordieux
Sublime louange à Allah dont la force est puissante, la gloire illimitée et les qualificatifs sublimes.
Que le salut et la paix soient sur la Lumière et Le guide de la nation, celui qui l’a sortie des ténèbres de l’ignorance vers la lumière de la foi, Seyyidina Mouhamad (psl) et ses compagnons (rta) ainsi que ceux qui ont suivi et suivent leurs traces.
Le message coranique a plus d’une fois insisté sur l’importance et l’exigence de la belle et bonne parole afin de magnifier sa valeur. Cette parole interlocutrice embellie et conforte le respect qui sévit entre celui qui l’émet et celui qui la reçoit.
Quand celui qui était à la tête des mécréants, le Pharaon a osé dire, avec une audace outrancière que « je suis votre Seigneur le plus majestueux« , Dieu le Tout-Puissant (swt) ordonna à Mûsa et à son frère Hâroune ceci : « Allez vers Pharaon : il s´est vraiment rebellé. Puis, parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-t-il ou [Me] craindra-t-il ? » Versets 43-44, Sourate Tâha.
Ailleurs, on peut aussi relever la bonne parole et son importance relatée dans la sourate Yâsîn à travers un long récit.
« 20. Et du bout de la ville, un homme vint en toute hâte et il dit : « Ô mon peuple, suivez les messagers :
- suivez ceux qui ne vous demandent aucun salaire et qui sont sur la bonne voie.
- Et qu’aurais-je à ne pas adorer Celui qui m’a créé ? Et c’est vers Lui que vous serez ramenés.
- Prendrais-je en dehors de Lui des divinités ? si le Tout Miséricordieux me veut du mal, leur intercession ne me servira à rien et ils ne me sauveront pas.
- Je serais alors dans un égarement évident.
- [Mais] je crois en votre Seigneur. Ecoutez-moi donc ».
- Alors il [lui] fut dit : « Entre au Paradis ». Il dit : « Ah si seulement mon peuple savait !
- En raison de quoi mon Seigneur m’a pardonné et mis au nombre des honorés ».
A travers ces versets, l’usage de l’expression « Oh mon peuple » (ya khawmi), révèle l’amour fraternel qui sévit entre le prédicateur et son auditoire.
Ici, le discours qui est très raffiné et très équilibré est exempt d’un quelconque caractère de suffisance ou d’arrogance qui pourrait saper le but du prédicateur.
Par conséquent, il faudra s’attarder un peu sur les propos suivants : « Ah si seulement mon peuple savait la raison pour laquelle mon Seigneur m’a pardonné et mis au nombre des honorés« . On sent clairement la véracité du prédicateur qui invite à emprunter la bonne voie malgré la réticence de ceux à qui il s’adresse.
Nous voyons que la parole ne doit qu’être belle, douce et suave. C’est le moyen que le Bon Dieu utilise lorsqu’il veut créer. D’ailleurs, Il dit : « Quand je décide de créer quelque chose, je dis Sois pour qu’elle existe« . Comme on l’a remarqué, la parole est la base de tout acte humain. On entend, lors de la naissance d’un nouveau-né, des cris qu’il pousse. Certains pensent que le bébé pleure or il s’agit de paroles même si elles ne sont pas connues de tous. Dès lors, la parole est au commencement de tout.
C’est pourquoi, lorsqu’après sa naissance le bébé ne pousse pas de cris, son entourage l’y incite parce que son silence augure une anomalie aux incidences hautement négatives.
A cet effet, le Coran nous dit : « Abonnez-vous à la bonne parole pour être sur le chemin d’Allah (Al Hamîd) ». Ce verset 24 de la sourate Hadj nous apprend que la maitrise de sa langue nous guide vers la bonne voie tracée par Dieu (swt).
Le Coran ajoute : « Oh croyants ! Vous qui Craignez Allah, dites du bien. Vos actions seront bénies et vos péchés absous. Celui qui suit les ordres de Dieu et de son Envoyé sera auréolé de bienfaits« . Versets 70 à 73, Sourate Ahzab.
A travers cela, nous comprenons que la bonne parole oriente nos actions vers le bien et demeure une source de miséricorde. Or, le monde actuel est confronté à de sévères difficultés causées par une absence de discours apaisé, courtois et modéré comme le Coran nous le recommande tant dans la forme que dans le fond et à tout moment.
Or, progressivement l’humanité s’éloigne des enseignements d’Allah (swt) en bafouant le respect mutuel et en déchirant le tissu de l’unité sociale. Dans toutes les communautés, la différence de visions creuse les écarts, suscite des désaccords outranciers et favorise un discours de mépris. Le résultat de ces pratiques est l’expansion d’idéologies opposées, la puissance des irrédentismes ethniques, politiques et culturels sans oublier la course frénétique vers le matériel et le sacre de l’exhibition patrimoniale.
Tout cela révèle la profondeur du danger qui guette l’humanité et la déviation de son objectif avec le cortège de conflits armés, le règne des scissions et des cessations, la perdition des valeurs, l’acquisition inégale des biens bafouant l’équité sociale.
Les pays islamiques pouvaient pourtant être le creuset de toutes les solutions et la source de sauvetage de l’humanité puisqu’ils sont dépositaires du Coran et de la Sunnah. Ceci trouve son illustration parfaite dans les enseignements de Seydil Hadji Malick SY (rta) qui est le réceptacle de toutes les bénédictions émanant de la célébration du Mawlid.
Dès lors, il est impérieux de s’approprier ses enseignements qui indiquent le chemin le plus sûr et plus rassurant parce que correspondant à la vie menée et indiquée par le Prophète Mouhammad (psl).
C’est pour ces raisons que le Khalif général des Tidianes a choisi le thème du Mawlid de cette année 1444 de l’hégire tiré du verset 83 de la sourate Baqara où dit Dieu dit : « Dites que du bien aux gens ! »
La mauvaise parole a toujours été un dissolvant et une ligne de démarcation entre mari et épouse, entre voisins, entre frères, entre guides religieux et disciples, entre décideurs et gouvernés. La parole disgracieuse et impudique a accentué la dégradation des valeurs de magnanimité et de courtoisie qui est exacerbée par les nouveaux moyens de communication caractérisés par les réseaux sociaux qui sont les domaines de prédilection et d’échanges de la jeunesse actuelle. Or, cette dernière se devait d’aller se ressourcer auprès de vrais guides spirituels avertis et diligents qui ont suivi ou suivent scrupuleusement les traces du l’Envoyé (psl).
Sur ce registre, l’orientation d’El Hadji Malick SY (rta) constitue le prototype idéal pour commercer à travers un discours radieux, bienveillant et constructif. Le Prophète n’a t-il pas dit : « la bonne parole est une aumône et l’aumône dissipe la colère d’Allah« .
Il est connu que Maodo Malick SY (rta) a vécu des moments très difficiles avec son voisinage qui était réfractaire aux enseignements de l’Islam. Mais, pour réussir sa mission, il a fait usage d’une bonne maitrise de sa parole affable et contemplative dans ses relations humaines. Ainsi, il est parvenu à transformer la donne sans aucunement se compromettre.
Il en est de même dans ses relations avec le colon au niveau politique et administratif. Avec sa grande sagesse, il a pu former des adeptes sérieux et attachés à la vérité, des citoyens modèles et de grands érudits à la sainteté immaculée dont le nombre est évalué à plus de 900. Parmi eux, plusieurs sont affectés dans tous les coins et recoins du Sénégal pour prêcher la bonne parole et inculquer les modes de vie calquées dans celui du Prophète (psl). En les envoyant, El Hadji Malick SY (rta) leur recommanda de mettre sur pied des écoles coraniques, de construire des mosquées, d’ériger des lieux de travail autorisés et de tout faire pour préserver la Sunnah du Prophète Mouhammad (psl).
Sur ce nombre, 900 ont été formés à Ndiarndé et d’autres à Tivaouane. Ce qui renforce les écrits de Paul MARTY qui souligne : « Nous avons fait un recensement des oulémas du Sénégal qui sont au nombre de 1173 et les 968 sont tous sortis des mains d’El Hadji Malick« .
Tous ceux qui l’ont approché ont révélé qu’El Hadji Malick SY (rta) maitrisait sa parole qu’il véhiculait sur la base d’un savoir fondé sur la Sunnah et sur sa vaste culture ce qui lui a permis d’asseoir un commerce agréable avec ses contemporains. Fort de tout cela, il a pu déjouer tous les plans de lutte et de compromission du colon sans troquer son islam ardant.
Il est raconté qu’une fois, un de ses voisins, voulant le dénigrer et porter atteinte à son honneur, disait aux habitants de la ville de ne pas suivre El Hadji Malick SY (rta) encore moins d’écouter ses sermons et prédications. Quand ce dernier eut l’information, il s’invita chez le médisant avec des cadeaux à la main. Arrivé, il lui présente ses excuses puisque selon lui, il l’aurait offensé sans le savoir et lui demanda ensuite solennellement pardon par la grâce de Dieu. Son hôte avait tellement honte qu’il se mit à pleurer et implora, à son tour à El Hadji Malick SY(rta), son pardon.
On rapporte aussi que le Gouverneur de Saint-Louis l’avait convoqué pour s’assurer si El Hadji Malick (rta) avait des armes pour s’attaquer au projet colonial. Pour répondre, ce dernier lui désigna, avec délicatesse, son chapelet comme seule arme dont il dispose. Surpris, le Gouverneur lui fit savoir son inquiétude sur les réunions crépusculaires que Maodo dirigeait avec bon nombre de disciples pour « chanter » et que selon lui, il s’agissait d’un langage codé pour transmettre de consignes de guerre.
Dans son calme légendaire, El Hadji Malick SY (rta) lui fit savoir que ces séances ne sont que des pratiques religieuses participant à raffermir leur foi en Dieu.
Le Gouverneur, dans son insistance, lui dit que tous ces gens qui vous entourent sont de potentiels guerriers et ennemis de la France. Le sage de Tivaouane lui dit que non, ils viennent juste pour apprendre les règles et principes fondamentaux de la religion pour pouvoir la pratiquer convenablement et en parfaite conformité aux recommandations divines et prophétiques.
Avec ses réponses spontanées, censées et respectueuses émaillées d’une tenue et d’une retenue déconcertantes telles qu’enseignées par le Coran, El Hadji Malick SY (rta) retourna paisiblement chez lui et continua son travail avec la même détermination et la même fermeté à atteindre ses nobles objectifs.
Lors de la pandémie de 1900, l’autorité coloniale avait ordonné, face au refus des populations de se vacciner, d’incendier tout le quartier de Guêt-Ndar. Quand il fut informé de cette initiative du Gouverneur, Maodo se rendit immédiatement chez ce dernier pour l’en dissuader après une audience qu’on lui a accordée.
La hauteur d’esprit et la finesse verbale que Maodo a utilisées montrent l’importance de la bonne et belle parole en toute circonstance. Il lui fit savoir qu’un tel acte ne semble pas être le plus idoine et le plus judicieux et que sa réalisation desservirait à jamais la France puisque l’histoire l’inscrira dans ses pages les plus sombres. Interloqué, le Gouverneur lui demanda conseil. Maodo lui dit que la première décision à prendre est de retirer l’ordre de tirer.
Après l’acceptation du Gouverneur, il se renseigna sur le lieu de vaccination et s’y rendit le lendemain. A la suite de son geste, tout le quartier, comme un seul homme, le suivit pour aussi se faire vacciner. Etonné, le Gouverneur demanda à El Hadji Malick SY quel serait son secret et ce dernier lui répondit : « Vous avez affaire aux corps, mais nous avons affaire aux âmes ». Satisfait, le Gouverneur le félicita et le remercia avec tous les honneurs.
Ce qui précède montre que Maodo avait une parfaite maîtrise de la sociologie sous-tendue par une inspiration divine (Al hikmatoul Bâlighatou).
C’est dans cette même lancée qu’une fois installé à Tivaouane où les chefs coutumiers se réunissaient chez le Diawrigne Maïssa Mbaye SALL pour célébrer la fête annuelle avec toutes sortes de pratiques occultes, El hadji Malick SY a pu les coopter et les transformer en grands érudits de l’islam et en vaillants savants dans diverses disciplines scientifiques, théologiques et littéraires.
Le Bourba Djoloff Bouna Alboury NDIAYE en est une illustration parfaite puisqu’à force de fréquenter l’école de Maodo, il a fini par devenir un grand Zâkir, c’est-à-dire, quelqu’un qui adore scrupuleusement Allah. Or, avant ce changement, à chaque fois qu’il était contrarié ou hors de lui, il fallait qu’il montrât toute sa dimension et grandeur royales. C’est avec la rencontre avec le sage de Tivaouane qu’il s’est adouci et totalement métamorphosé. C’est à Louga que Bouna Alboury NDIAYE lui-même a raconté cette anecdote à Serigne Cheikh Tidiaye SY al Maktoum en présence de Serigne Mounirou SARR (rta).
Il en est de même de Maïssa Mbaye SALL, Macodou SALL, Maïssa Mbaye Mekhé Mbaar, Sidate DIAW, Samba Thiamka DIAW, Doudou DIAW, Fodé DIOUF, pour ne citer que ceux-là. Ils sont tous devenus de fervents croyants imbibés dans la sagesse de Maodo et façonnés dans la maîtrise du verbe et de l’éloquence. Cela prouve que le modèle qu’a suivi El Hadji SY (rta) est le Prophète Mouhammad (psl) seul.
C’est la résultante de la rencontre historique et pleine de leçons entre la délégation que le Prophète avait envoyée en Ethiopie et le Négus Ashama. La beauté du discours de Jaafar (rta) qui a séduit ce dernier mérite d’être relatée pour montrer l’importance d’un discours courtois. Qu’a-t-il dit ?
« Oh Auguste Roi ! Nous étions des gens incultes. Nous mangions des restes d’animaux morts et nous buvions toutes sortes de boissons. Les plus forts prenaient les biens des plus faibles. Nous nous livrions au polythéisme jusqu’à ce que le Bon Dieu envoya parmi nous un Prophète dont nous connaissions sa descendance. Nous remarquions chez lui les plus nobles qualités. Il ne ment pas et n’offense personne. Il nous interdit de manger et de boire ce qui n’est pas permis et de n’adorer qu’un seul Dieu, Allah. Il nous a interdit de mentir, de manger ou de prendre le bien d’autrui. Lorsque nous le suivons, nos parents infidèles nous frappent et nous rendent la vie difficile. C’est pour cela que le Prophète nous a envoyés vers vous parce que conscient de votre générosité et de votre loyauté. Oh Auguste Roi, nous espérons que votre sécurité nous sera offerte« .
Durant tout le temps de parole de Jaafar, le Négus remarqua la politesse de toute la délégation, sa mesure verbale enrobée de respect et de bravoure. Ayant constaté tout cela, il leur dit que « vous êtes ici en sécurité et personne ne viendra vous inquiéter le temps de votre séjour« .
Cette dimension se ressent dans la démarche d’El Hadji Malick SY (rta) partout et toujours. Voilà pourquoi disait-il : « certes la plante du pied du Prophète sera plus large que la mienne, mais je poserai la mienne sur la sienne », (autrement, suivre la sunnah). Par conséquent, les savants de son époque disaient qu’El Hadji Malick SY (rta) est l’incarnation du Prophète (psl).
Sa vie durant, sa philosophie reposait sur la Sunnah et le Coran. Il était attaché à cette disposition du Coran : « Appelle vers le Bon Dieu par la sagesse et le discours apaisé. Quand il s’agit d’échange, il faudra utiliser la plus belle des paroles« . (Verset 125, S. Nahli).
Dans cette même veine, le Prophète recommande ceci : « Celui qui croit en Dieu et en Son Envoyé ne dit que la vérité ou se tait« . El Hadji Malick SY (rta) dira aussi « si tu octroies une liberté absolue à ta langue, elle risque de te dévorer comme un féroce et puissant lion le ferait à sa proie« . Tout semble se passer comme si ces paroles sont le relais des écrits divins qu’on peut lire aux versets 24 à 27 de la sourate Ibrahim où Allah dit : « N’as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s’élançant dans le ciel ? Il donne toujours ses fruits avec la permission de son Seigneur. Et Allah donne des exemples aux hommes. Ainsi (il est espéré) qu’ils se souviendront. Et une mauvaise parole est assimilé à un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité. Allah affermit les croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l’au-delà. Tandis qu’Il égare les injustes. Et Allah fait ce qu’Il veut« .
Il nous incombe alors de prendre El Hadji Malick SY (rta) comme le modèle et viatique à suivre dans tous les domaines où se déploient nos transactions et se nouent nos relations. Cela est un devoir pour tout disciple.
Du haut de cette tribune, nous lançons un vibrant appel aux dignitaires religieux et à toute autre personne pour analyser et étudier profondément l’objet de ce sujet en élargissant son champ d’étude afin d’en extraire les innombrables richesses qu’El Hadji Malick SY (rta) offre aux générations actuelles et à venir. Sans aucun doute, ce serait un nouveau souffle marquant le point de départ du vrai cheminement vers une réelle émergence tant attendue.
Ce doit être le seul et l’unique objectif pour asseoir une société sénégalaise exemplaire auréolée de biens de toute nature et venant de toute part.
En définitive, notre mot de la fin sera le fin mot du Coran : « Ne dites aux gens que du bien. Seul le Créateur détient le pouvoir de la réussite.
La commission culturelle
Le président
Mouhamadou Moustapha SY Moudir