Les disciples méconnus du Maître Seydi Hadji Malick Sy : El Hadji Amadou Lamine Diene l’Imam Diplomate
El Hadji Amadou Lamine Diene est le fils du disciple du Maître Seydi Hadji Malick Sy le Savant El Hadji Djibril Diene qui faisait partie de la première promotion formé à l’université de Ndiarndé par le Maître. Né en 1894, il reçut de son père El Hadji Djibril DIENE, savant incontestable, guide religieux, Imam Ratib de Dakar et Moukhadam du Maître Seydi Hadji Malick SY son éducation coranique et religieuse. Pour la petite histoire, Serigne Djibril DIENE le père de El Hadji Amadou Lamine Diene a eu la reconnaissance de toute la communauté léboue qui lui avait demandé d’être son imam ratib, ce qu’il déclina à deux reprises avant que les dignitaires demandèrent l’intervention du Maître Seydi Hadji Malick Sy de passage à Ouakam qui lui suggéra d’accepter.
La grande écrivaine du Sénégal en l’occurrence Mariama Bâ de confesser que sa foi ardente lui venait des ses cours Coranique qu’elle prenait chez El Hadji Amadou Lamine Diene, situé sur la route de Bel air sous la supervision du neveux de ce dernier en l’occurrence El Hadji Maodo Malick Sylla.
El Hadji Amadou Lamine Diene était un savant doublé d’un fin négociateur et d’un très grand diplomate.
El Hadji Amadou Lamine Diene, grand imam de la mosquée de Dakar: “le plus Grand Chef religieux de la collectivité léboue, fils d’imam et imam lui-même. El Hadj Mamadou Lamine Diene est un grand religieux qui jouit d’un prestige immense. Son influence s’étend sur toutes les collectivités léboues (Dakar, Rufisque et leurs environs).
Au moment de l’apparition de la peste, c’est El Hadji Amadou Lamine Diene qui a lu lettre qui fait office de fatwa envoyer par le Maître Seydi Hadji Malick Sy pour sensibiliser les Lebous à la vaccination.
C’est après la lecture de cette Fatwa que les Lebous acceptèrent la vaccination à l’époque.
Initiative, c’est le mot qui vient à l’esprit pour parler de cet homme exceptionnel qui dédia sa vie à la cause de l’islam. Dès 1945, un an après son pèlerinage à la Mecque par avion, ce qui fut une première, il se décida pour la sonorisation de la mosquée de la rue Blanchot devenue maintenant Moussé DIOP. Fait rare, voire inexistant à l’époque. La transformation en étage était faite aussi, pour répondre à la menace d’exiguïté latente de cette même mosquée, mais aussi pour obéir à cette volonté d’ouverture qu’à El Hadji Amadou Lamine DIENE d’utiliser les nouveaux outils et techniques que lui offrait son temps. Face aux défis du moment et toujours soucieux de l’avenir de sa communauté, il créa Solidarité Musulmane qui fut la première association islamique du type, reconnue par l’Etat au tout début des années 1950. En 1954 il entreprit la modernisation de son Daara, c’est maintenant le concept d’école-arabe avec des apprenants qui étaient assis sur des table-bancs. Cette idée contribua à convaincre et à faire adhérer les populations urbaines à inscrire leurs enfants pour recevoir l’éducation islamique. Tout ceci va constituer la lame de fonds qui va jeter les bases de l’introduction, dès les premières années de l’indépendance, de l’arabe dans l’enseignement primaire public.
Face au souhait de la communauté musulmane de Dakar d’avoir un lieu prière plus grand que la mosquée de Blanchot, El Hadji Amadou Lamine DIENE sollicita Mamadou DIA, Président du Conseil des Ministres du Sénégal qui donna tout de suite son accord pour le lieu de son choix. Ainsi, sur consentement de la communauté Lébou, il proposa l’ancien cimetière de Dakar fermé depuis 1911. On y pria les jours de Tabaski et de Korité sur la présence des autorités coloniales qui s’installaient en tribune pour suivre les cérémonies.
Quelques années plus tard, il entreprit des démarches pour l’édification d’une grande mosquée de Dakar dans ce vaste terrain. Il créa et dirigea un comité qui se chargera de sa mise en œuvre et eut l’approbation des autorités étatiques qui y contribuèrent mais surtout le soutien du royaume chérifien. Voir détail :Etat du Sénégal 220 000 000 FCFA en 4 tranches annuelles Ville de Dakar 112 000 000 FCFA en 4 tranches annuelles Communauté Libano-syrienne 39 000 000 FCFALa collectivité léboue (dignitaires et familles) pour 5 000 000 F CFA en sus de la mise à disposition de son terrain de près de 3 Ha. En effet la plus grande contribution fut celle des marocains qui construisirent presque totalement la mosquée qui est un chef d’œuvre convoité à l’époque par les grands marabouts du pays.
Le 27 mars 1964, la grande mosquée de Dakar est inaugurée, le Maître Serigne Abdoul Aziz SY, khalife général des Tidianes dirigea la prière devant les plus hautes personnalités politiques et religieuses du pays et devant sa majesté Assane II, roi du Maroc.
La mosquée sera ensuite fermée le 1er vendredi, et le suivant elle est ouverte pour la grande prière, entretemps on avait remis les clefs à El H Amadou Lamine DIENE qui resta le grand Imam de Dakar. Il ne pouvait en être autrement, puisqu’il a été le second El H Moustapha DIOP, imam ratib de Dakar avant de le succéder en 1941. On raconta cette anecdote déjà très révélateur, lors du bombardement de Dakar pendant la guerre de 1939-1945, lorsqu’ils priaient, un obus était tombé près de la mosquée, tout le monde avait fui cessant la prière sauf l’imam Moustapha DIOP et son nahib (second)El Hadji Amadou Lamine DIENE.
Les exemples ne manquent pas pour parler de cet homme exceptionnel qui avait le sens de l’initiative, très prompt à agir pour le développement et le rayonnement de la communauté musulmane. Au rappel à Dieu de l’Imam Djibril Diene son père, El Hadj Amadou Lamine DIENE alla voir le Maître Seydi Hadji Malick SY à Tivaouane pour les grandes orientations de sa vie, le Maître lui suggéra de suivre les traces de son père en reprenant le Daara qu’il avait initié, ce qu’il fît. Il l’améliora et le fera rayonner en produisant de nombreux érudits. Il sera par la suite un illustre Moukhadam du Maître Serigne Babacar SY à qui il fut un de ses plus fervents disciples. Il reçut d’ailleurs de ce dernier en 1923, la bénédiction pour organiser un gamou annuel à la gloire du prophète (psl). Donc c’est l’un des premiers Chefs religieux à organiser après Tivaoune un gamou.Nous avons tous entendu Serigne Cheikh Ahmad Tidiane SY Al Maktoum dire que Serigne Babacar lui avait toujours dit de voir pour les questions religieuses Amadou Lamine DIENE quand il se rend à Dakar. De son école (Daara, Dahira) qui subsiste encore, sortirent des imams, oulémas et des inspecteurs de l’enseignement. On citera son illustre neveu et fils spirituel El H Malick SYLLA qui lui succéda en 1976. Il contribua à la formation de l’élite intellectuelle arabisante en leur trouvant des bourses d’études dans les grandes universités islamiques, ce qui nous a permis d’avoir actuellement des docteurs et autres diplômés en sciences islamiques. Prions pour cet homme de DIEU de dimension exceptionnel qui a œuvré toute sa vie durant pour le bien de sa communauté.
Jour de Korité, il est cinq heures, El Hadj Amadou Lamine DIENE vient de nous quitter. C’était, il y’a 40 ans, jour pour jour.
Par Alphahim Mayoro